Aurélien Desbois est un artiste français, que l’on peut croiser au Pays Basque. Il peint depuis une dizaine d’années, il est passé des murs à la toile, tout en expérimentant un maximum de supports. Pour son parcours artistique, il a choisi un nom d’emprunt, Delwood, dans lequel on retrouve le concept de Nature.
L’artiste a choisi de développer un art très personnel et de sublimer ses volutes, sur des planches de surf ou à plus grande échelle sur de grands murs, il est aussi très investi auprès d’enfants, à qui il enseigne les bases du dessin, et surtout une réflexion sur les origines et l’environnement. Voici une conversation, concernant la création, les choix de vie, l’art et le surf.
Le parcours du plasticien Delwood, né en 1983, est atypique. Empli d’un grand désir de liberté et d’indépendance, il quitte l’école tôt afin de sortir d’un cadre qui lui correspond peu pour construire au plus vite une vie à son image.
Delwood revendique un art accessible, partagé, communicatif, un art pour tous sorti d’une forme d’élitisme ou d’académisme.
C’est à partir de ce moment qu’il pense l’urbain, la rue comme une surface de création potentielle. Un second événement marque sa vie de plasticien. En 2001 il se rend à la Biennale de Venise et visite le pavillon américain. Il y découvre le Street Market de Barry McGee. Un quartier est entièrement reconstitué avec des empilement de voitures et où tous les objets présents sont customisés par différents artistes. Il prend en pleine figure l’ampleur de cette installation et avec elle la réelle signification du Street Art. Il désire alors apporter une densité supplémentaire à son travail.
La peinture et le dessin sont présents chez l’artiste dès le primaire. Il prend des cours de modèle vivant et effectue des stages d’aquarelle. (Une pratique de la peinture qui se lit aujourd’hui encore dans ses toiles, par une gestion diluée de la couleur, la maîtrise de la transparence).
Au collège et lycée, il est inscrit à l’École d’art de Bayonne, Delwood s’y rend chaque mercredi ainsi que les week-ends et intègre en 2001 la classe préparatoire au concours d’entrée en École des Beaux Arts. Il n’ira finalement pas au bout de la démarche, s’estimant prêt pour se lancer pleinement dans la création plastique et considérant que ce ressenti n’a pas à être validé par une Institution.
De 2003 à 2008 il se nourrit énormément des graffs qu’il voit en Espagne en France, sur les blockhaus. Il produit principalement des lettrages toujours à la limite du vandalisme pour titiller les autorités, chatouiller les limites imposées.
Sa vie se découpe entre l’aide qu’il apporte à l’entreprise familiale : un hôtel situé au pied de la gare de Bayonne, des missions en intérim, la randonnée de montagne, le surf et la création plastique qu’il exerce sur différents terrains. À cette époque, son atelier installé dans l’hôtel de ses parents, s’étend de plus en plus pour arriver à une surface de 130 m2.
Il navigue entre la réception et ses pinceaux et apprécie ce lieu de passage où il rencontre de nombreux d’étrangers qui le nourrissent. Il vend dès son entrée en école préparatoire et réalise sa première exposition en 2007. En 2008, il entame la peinture sur toile ne pouvant plus graffer dans la rue suite à une seconde arrestation.
Le UV Crew ainsi que le groupe NTM l’ont particulièrement influencé. Ce n’est pas tant qu’il écoutait du rap, mais appréciait la capacité d’NTM à s’approprier la rue ou le métro pour une proximité entre création musicale et public.
Il produit énormément et présente régulièrement son travail jusqu’en 2013. L’enseignement arrive petit à petit dans sa carrière et à sa façon. Il obtient le BAFA en 2010 et travaille comme animateur. Il fait deux constats : d’une part les moyens dans le domaine de l’animation sont extrêmement minces et d’autre part ce que l’on propose aux enfants est très limité. Il veut aller plus loin. Il travaille dans des écoles et collèges en partenariat avec la galerie Spacejunk – Bayonne et avec le Comité d’Entreprise d’EDF. Cela lui permet de participer au festival des cultures urbaines « Vibrations urbaines » de Bordeaux. Il collabore avec le département Image de la médiathèque de Biarritz et devient un pédagogue identifié, capable de transmettre de la maternelle en lycée par l’utilisation de méthodes qu’il a lui-même élaborées à partir de la culture du Street Art.
Aujourd’hui Delwood est professeur en arts appliqués. Il a trouvé une manière alternative d’enseigner lui permettant de d’intégrer le besoin de liberté et l’indépendance de l’élève, à l’image de ce qu’il a vécu en créant dans la rue. Il parvient ainsi à monter des projets d’envergures sans avoir recours à la discipline. Le terrain de jeu et d’apprentissage de Delwood est la vie, l’espace urbain, la nature, ce qui lui vaudra très bientôt l’obtention d’une Licence d’arts plastiques obtenue par une Validation des Acquis de l’Expérience.
Texte : Viriginie Baro